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S’absenter au lieu de fuir

Au CPCT, la consultation est le lieu où peut se dégager ce qui itère ou se répète dans la vie de ceux qui viennent nous parler, et qui n’est pas forcément de prime abord ce dont ils se plaignent.

Tel fut le cas pour ce sujet qui entend avec surprise ce que le consultant relève de ses propos : « Ah ! Vous recommencez tout à zéro ! », pour scander la série des ruptures qui ponctuent son existence.

Il y a la mise en route de ce qui se dit, et il y a ce qui peut se mettre en acte dans le transfert avec sa mise en garde : « J’ai failli ne pas venir et fuir. » La manœuvre demeure donc subtile pour le consultant dans l’accueil à recommencer, à chaque séance, pour ce sujet qui sera reçu ponctuellement, sans que lui soit proposé un traitement. Ce qui fut souligné lors d’une séance où elle était en retard : « Ah ! J’ai pensé que vous ne viendriez pas aujourd’hui ! » Être attendue sur fond d’absence possible laisse une place au sujet, sans l’obligation de venir, ce qui la pousse sinon à fuir. Venir au CPCT, repartir, pouvoir s’absenter constitue une autre modalité de déplacement, qui déroute de la rupture.

Dans le cours de nos rencontres, un assouplissement de la défense sera possible et « s’absenter sans fuir » constituera un premier déplacement qui s’opère dans son couple. Il aura donc été possible d’explorer sa prison, qui n’est plus l’autre qu’elle fuyait, mais ce qui, en elle, se réitère dans sa modalité de liens passionnels avec l’autre. Reste le chemin qu’elle consentira ou non à faire autour de ce qui reste fixé pour elle de la folie à laquelle elle a eu affaire.

Geneviève Valentin
CPCT Lyon