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À petite échelle

Jean-François Cottes, CPCT Clermont-Ferrand

Comment faire signifier améliorer la position du sujet au-delà d’effets thérapeutiques par ailleurs bienvenus ? Pour répondre à cette question, je m’appuierai sur l’expérience de neuf années de fonctionnement d’un CPCT, à partir de la fonction que j’y occupe essentiellement d’animer le séminaire clinique, même s’il m’est arrivé de faire des consultations.

Je dirai de façon générale qu’il s’agit dans l’analyse de modifier la position du sujet : n’est-ce pas ce dont il s’agit quand, avec Lacan, nous parlons de rectification de la position subjective ?

En ce qui concerne les traitements dans un CPCT, au ras de la clinique, à quoi avons-nous affaire ? Qu’est-ce qui porte un sujet qui s’adresse à nous ? On peut l’ordonner à partir de ce qui se déploie entre souffrance, plainte et demande. Il faudra tout le tact et l’art de l’analyste (équipe A) qui reçoit le patient en consultation, pour déterminer et décider si le pari peut être pris de proposer un traitement par un praticien en formation (équipe B), en fonction de ce qui motive l’adresse.

C’est parfois au cours d’une consultation, ou de plusieurs, que le patient va parcourir le trajet qui va de la souffrance à la demande, en passant – ou pas – par la plainte. De ce mouvement, dépendra la possibilité d’engager un traitement.

Une fois le relai passé – ce qui échoue parfois, bien que rarement – le traitement s’engage.

Dans notre séminaire clinique, où sont présentés les consultations et les traitements, l’accent sera mis sur le recueil et la discussion des indices d’une modification de la position du sujet accueilli. Une gradation apparaît : soit le sujet va au-delà de sa plainte vis-à-vis de l’Autre et commence à considérer la part qui lui revient dans ce dont il souffre ; soit l’amorce de la subjectivation du symptôme émerge, ce qui en passe par l’isolement, la production d’un symptôme subjectif.

Dès ce moment, il me semble que l’on peut parler d’amélioration de la position du sujet qui relève des effets de l’orientation analytique. Cette amélioration peut s’accompagner d’effets thérapeutiques, mais ce n’est pas ce qui est visé en premier.

C’est certes un résultat modeste, mais il ressort tout de même, me semble-t-il, de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique, plutôt que de la psychothérapie qui agit par la suggestion et qui ramène au pire, comme le souligne Lacan dans Télévision [1].

Parfois, le processus conduira le sujet plus loin : pour l’un une identification mortifiante sera desserrée, pour un autre un bricolage prendra au contraire de la solidité, pour un autre encore le traitement sera suivi d’une entrée en analyse.

Ces résultats modestes, qui côtoient des échecs, tels ces traitements trop tôt interrompus, sont à la mesure et à l’image de ce CPCT qui a voulu décidément rester une expérience « à petite échelle », selon la recommandation de Jacques-Alain Miller [2]. Cette petite échelle nous guide depuis neuf ans : petite équipe, locaux modestes, petite cohorte de patients. Cette petite échelle nous donne le luxe du temps – sans méconnaître la fonction de la hâte – pour construire les cas à partir des consultations et des traitements, donnant la chance à chacun de s’orienter dans son acte propre afin d’améliorer la position du sujet.


[1] Lacan J., « Télévision », Autres écrits, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2001, p. 514.

[2] Miller J.-A., « Du désir d’insertion et autres thèmes », Entretiens d’actualité 33, 16 décembre 2008, diffusé sur ECF-Messager & archivé sur forumpsy.org

http://forumpsy2008.blogspot.com/2008/12/entretiens-dactualit-n33.html

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