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Au CPCT-parents : un point de vue sur le réel ?

Par Sarah Camous-Marquis, Consultante au CPCT parents-Rennes

Si nous avons à distinguer les effets thérapeutiques des effets analytiques, notons avec Jacques-Alain Miller que thérapie et psychanalyse ont un point commun : « toutes deux admettent l’existence d’une réalité psychique [1] ». À la différence des « thérapies » de tout ordre qui répondent dans l’imaginaire, ou, au mieux, dans le symbolique, ceux qui s’orientent de la psychanalyse lacanienne savent que ladite réalité est sous-tendue par un certain rapport à l’objet a, qui fait signe de la marque singulière laissée par la rencontre du langage et du corps.

« Améliorer la position du sujet [2] » suppose de cerner les partenaires du sujet, partenaire-symptôme et partenaire petit a, ce qui implique en suivant l’indication de J.-A. Miller de « ne pas s’hypnotiser sur la position du sujet, sinon poser la question : avec qui joue-t-il sa partie ? [3] ». L’argument de la Journée rappelle que la psychanalyse appliquée à la thérapeutique, « c’est la psychanalyse qui concerne le symptôme, la psychanalyse en tant qu’appliquée au symptôme [4] ». Que peut nous en enseigner la pratique au CPCT-parents ?

Ce que nous constatons est que le symptôme n’est pas toujours situable d’emblée. Nous avons davantage affaire au symptôme comme retour du réel que comme retour du refoulé, la part de message et d’énigme est le plus souvent absente lors de la consultation. Nous nous attelons néanmoins à cerner quand ça devient insupportable [5], sur quelle pierre le sujet a buté.

Les parents parlent d’abord du symptôme de leur enfant, ce qui peut faire barrage à leur propre énigme. Jacques Lacan note à ce propos que l’enfant « aliène en lui tout accès possible de la mère à sa propre vérité [6] ». Il vient, selon les cas, à la place du symptôme ou à la place de « la vérité de l’objet fantasmatique de la mère [7] ». Mais l’enfant, étant un partenaire qui met en jeu le désir et la pulsion, ouvre un accès possible à la réalité psychique du parlêtre qu’est son parent. Peuvent alors se cerner certains signifiants et le rapport aux objets pulsionnels du parent. Il y a donc une première manœuvre à opérer, pour que celui que nous accueillons passe – si c’est possible – d’une plainte sur son enfant, de demande de conseils, à une question dans laquelle il entrevoit comment il joue sa partie.

La position du sujet est affine à son rapport à l’objet a et à la jouissance. Le défaut d’extraction de l’objet a peut conduire à ce que l’enfant ou le parent soit lui-même en position d’objet. Il y a dès lors un manque de perspective, de point de vue. Un plus-un en cartel avait eu cette formule concernant une mère : « elle est dans le tableau ». Qu’au x de l’énigme du désir de l’enfant ne vienne pas répondre le fantasme, mais une signification figée, réduit souvent celui-ci à l’objet. Sous transfert, interpréter cette énigme permet aux sujets que nous rencontrons de mettre du je(u).

En choisissant le signifiant « parent », le CPCT à Rennes a inventé un dispositif opérant. Il interprète l’époque avec l’usage du signifiant « parentalité » et son flot d’injonctions qui gomme la singularité de chaque-un ; il donne chance, par la réduction, la coupure, l’interprétation, à ce que soit mieux cerné le réel via l’enfant, ce qui permet l’amélioration de la position du sujet. L’allègement du symptôme en résulte, il n’en est pas la visée.


[1] Miller J.-A., « Psychothérapie et psychanalyse », La Cause freudienne, no 22, octobre 1992, p. 8.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2004, p. 70.

[3] Miller J.-A., « La théorie du partenaire », Quarto, no 77, juillet 2002, version pdf, p. 8.

[4] Miller J.-A., « Psychanalyse pure, psychanalyse appliquée et psychothérapie », La Cause freudienne, no 48, mai 2001, p. 23.

[5] Cf. « Quand le symptôme devient insupportable », Livret du Colloque du CPCT-parents, 2019.

[6] Lacan J., « Note sur l’enfant », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 373.

[7] Laurent É., « Une lecture de la note sur l’enfant », Bulletin groupe petite enfance (Cereda), octobre 2002, no 18, p. 12.

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