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Jouer avec lalangue

Fernanda Turbat, ParADOxes-Paris

Nous partirons de cette référence de Jacques Lacan sur l’opération signifiante pour éclairer les effets d’un travail orienté par la psychanalyse dans les ateliers de parADOxes [1] : « c’est en ça que consiste le mot d’esprit (…) on le chiffonne un peu ce mot, mais c’est bien dans ce chiffonnage que réside son effet opératoire [2] ».

Les ateliers « Chemin de Vie » – traduction littérale de curriculum vitae – sont une invention de l’association. Dans ces ateliers individuels d’écriture, il est proposé à l’adolescent, souvent en rupture avec l’école, de reprendre – en parlant, en écrivant – son chemin de vie et d’école autour de la confection d’un objet.

En s’appuyant sur cet objet, le prélèvement de certains signifiants peut permettre de décoller momentanément le jeune sujet de l’impasse dans laquelle il se trouve et de réengager autrement sa présence. Dans un premier temps, inviter le jeune à converser ménage un écart avec la demande du référent qui l’a adressé : son désir circule en découvrant, dans ses propres paroles, ce qui l’amène là.

Ainsi, un jeune homme, qui arrive après plusieurs exclusions scolaires, dit qu’il vient pour « respirer » et se met à dessiner des zombies avec du noir et du rouge et des éléments du monde des morts. Ce contraste entre ce qu’il énonce et ce qu’il dessine est une surprise pour lui-même. L’orienter vers des activités qui résonnent avec respirer, va l’amener à jouer avec la langue en se saisissant de nouveaux signifiants qui l’éloigneront peu à peu du discours mortifère qui l’envahissait.

Ces jeux d’écriture sont des jeux de lalangue qui s’appuient sur ce qui s’extrait de ce que le jeune dit et de la façon dont un mot résonne pour lui, sur l’effet de déplacement qu’il peut produire. L’effet opératoire de ce chiffonnage dans lalangue se marque d’un nouvel abord de la pulsion qui permet de s’en servir comme point d’appui. C’est à cela que nous sommes attentifs.

Ainsi le mot s’amuser, écrit par un jeune dans le cadre d’une proposition d’écriture, se transforme en muse après qu’il ait décidé d’en prélever la première et la dernière lettre. Il sourit, surpris, et enlève la lette s. Apparaît le mot mue. Nous cherchons ensemble la définition du mot. Il lit « changement qui affecte la peau, le plumage » et manifeste son étonnement de découvrir ce mot dans sa propre production d’écriture. Il fera alors le lien avec son propre chemin de vie.

Le jeune sujet pourra ensuite, s’il le décide, venir en consultation pour développer ce point épinglé en atelier.

Alors, un autre temps pourra s’ouvrir vers de nouvelles avancées.


[1] L’association parADOxes est un centre d’accueil et d’écoute pour adolescents (11-25 ans), situé à Paris.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre », leçon du 17 mai 1977, inédit.

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