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Produire un savoir insu

Ricardo Schabelman, Consultant Lien POPI (Parentalité, Orientation Psychanalytique et institution)

En quoi un sujet qui vient nous rencontrer au Lien POPI peut-il trouver une « amélioration de la position du sujet » ?

Nous recevons des sujets qui font appel à la Procréation Médicalement Assistée (P.M.A.), qu’elle soit envisagée pour les problèmes d’infertilité ou, depuis peu, pour des couples de femmes ou pour une femme seule. Technique oblige, le désir de procréer est forcément médicalisé. Les dialogues avec les médecins tournent autour des taux hormonaux, des images échographiques, de la morphologie optimale des gamètes etc… Par la nature intrinsèque de la démarche, ce qui est court-circuité, c’est le mystère qui conjugue sexe et procréation. Le sujet se « biologise » en se présentant à nous comme savant de son propre corps. Ceci donne un style forclusif au discours du sujet, il devient lui-même « scientifique » se traitant comme un objet de savoir.

Mais les questions en souffrance insistent, c’est au consultant orienté par la psychanalyse de faire en sorte que le sujet les entendent. Ainsi, cette femme qui a reçu un double don d’ovocytes et de spermatozoïdes pourra formuler sa crainte : « qu’est-ce que cet enfant a de moi ? » Ou cette mère qui peine à reconnaître son mari comme père de sa fille, parce que, du fait de la stérilité de celui-ci, le couple a fait appel au don de spermatozoïdes.

Les questions se déploient en fonction de ce qui a fait trace dans l’histoire du sujet. Il s’agit faire entendre un « minimum d’énonciation singulière » comme le dit Omaïra Messeguer dans ce Blog [1]. La prise en compte des énoncés singuliers avec le « pas de sens » qui libère le sujet de ses déterminations, passe de la biologie comme ce qui qui fait signe des organes à la question de ce qui fait filiation avec l’enfant à venir. Tel est le véritable pari mis à chaque rencontre avec le consultant dans l’accueil du Lien POPI.

Le sujet ne retrouve pas un état antérieur, un statu quo ante, ni une acceptation apaisée de la P.M.A. mais, au-delà de la problématique « médicale » de la procréation, il s’ouvre à des questions en relation à sa propre histoire. Ce passage d’un savoir clos, avec des signifiants figés, vers l’émergence d’un savoir insu, grâce à la façon dont le consultant permet aux questions de se déployer dans un dialogue singulier, est bien ce qui est à l’œuvre dans l’amélioration de la position du sujet dans Lien POPI.


[1] Meseguer O., « Améliorer », diffusé sur Préalables, blog de la 4e Journée d’étude de la FIPA, 15 février 2023, disponible en ligne : https://fipa.causefreudienne.org/ameliorer/

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