Par Fouzia Taouzari, Directrice du CPCT-Nantes
« Comment améliorer la position du sujet, Effets thérapeutiques, Effets analytiques » est ce qui oriente notre pratique au CPCT. Cette orientation conduit le praticien à être docile à la position subjective du sujet. Nous visons un traitement sur-mesure qui tient compte des dispositions subjectives du sujet et des coordonnées conjoncturelles de sa venue au CPCT. Il s’agit par-là, d’être sensible à la façon dont il va exprimer ce qui fait difficulté pour lui : cela vient-il de l’Autre ou de lui ? À chaque rencontre, il s’agit d’être sensible à la manière dont se positionne le sujet face à ce qui lui arrive. Est-ce que cela fait énigme ? Ou est-ce la certitude qui l’emporte ? Telle patiente est venue pour des symptômes de vérifications qualifiées de TOC. Venir au CPCT lui a permis de découvrir l’extrême singularité de son symptôme d’abord présenté comme anonyme. Pour cela, il s’est agi de prendre le symptôme par la voie de l’articulation signifiante. Une interprétation décisive a permis de débusquer la jouissance mortifère à l’œuvre et d’opérer du même coup une coupure, à partir de l’énoncé : « il aurait mieux fallu que je me tue » – où se taire équivalait à mourir. Cela a eu pour effet d’ouvrir la voie de l’inconscient et de permettre qu’une rectification subjective s’opère. Un autre patient, au bord du suicide depuis qu’il a été sommé de trouver du travail, s’éprouve dans sa chair comme « indigne de la société ». Face à l’urgence subjective, il s’est agi de pulvériser cet idéal du travail qui fonctionnait comme une injonction mortifère faute de l’opérateur du désir. Il quitte le CPCT fort d’un savoir sur lui-même, lui restituant du même coup, la responsabilité de la vie qu’il mène. Il a retrouvé une position subjective plus digne, attestée par un Autre sur-mesure.
La clinique du CPCT n’a pas pour boussole l’idéal de bien-être que prône la société – désir anonyme par ailleurs – qui conduit à faire taire le sujet l’écrasant sous le poids des normes et des injonctions. L’expérience authentiquement analytique que propose le CPCT, se règle sur une visée particulière, permettre à chaque-Un – sans aucun savoir préalable – d’élucider ce qui fait difficulté, de retrouver la voie de son désir, mais aussi de se protéger du réel de la langue, qui mord et envahit le corps. La psychanalyse d’orientation lacanienne s’enracine et peut prendre racine, à partir de cet axiome lacanien : « De notre position de sujet, nous sommes responsables. [1] » Cette responsabilité peut être un levier où peut se jauger l’amélioration de la position du sujet du côté des parlêtre que nous accueillons. Cette responsabilité, c’est aussi la nôtre – en tant que praticiens – qui œuvrons à faire exister l’inconscient en nous orientant du réel. C’est pourquoi, nous sommes responsables de la façon dont nous allons nous déprendre du sens – pour opérer, manœuvrer, lire et déchiffrer la clinique – par la pratique de ce nouage qu’est l’analyse, le contrôle et la formation. Par cette ascèse – « En nous se poursuit l’Histoire de la psychanalyse. [2] »– gageons qu’elle nous maintienne en éveil, toujours prêts à nous lever, pour faire exister cette expérience inédite où c’est le désir de savoir qui est aux commandes ! Cette journée FIPA sera l’occasion de le vérifier !
[1] LACAN J., « La science et la vérité », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 858.
[2] MILLER J.-A., « L’interprétation à l’envers », La Cause Freudienne, no 32, Février 1996, p. 32.
