Par Élisabeth Pontier, Consultante CPCT-Marseille
Dans les institutions de psychanalyse appliquée à la thérapeutique telles que le CPCT, les effets thérapeutiques sont conditionnés par les effets analytiques. Cela implique que le clinicien qui y reçoit ait éprouvé pour lui-même les effets d’une parole adressée et ce qui s’y dévoile de savoir insu.
Pour autant, il ne s’agit pas de cures proprement dites au CPCT. Le traitement gratuit et bref, seize séances, ne permet pas le développement du temps pour comprendre qui ouvre au déchiffrage patient des symptômes, à la construction du fantasme. Les patients qui s’adressent à ce dispositif ne l’ignorent pas. La durée déterminée par avance constitue d’ailleurs fréquemment une condition de possibilité de leur engagement dans un traitement par la parole.
Mais alors de quel traitement s’agit-il dans ce dispositif spécifique ?
Le CPCT n’engage pas les patients dans une cure, mais n’en constitue pas moins un dispositif d’écoute analytique : le patient y est mis en rapport avec son discours et ce que celui-ci a de plus singulier. « Améliorer la position du sujet » nécessite de la cerner dans un bien-dire. Il lui est donc offert de prendre la parole et d’entendre ce qui, dans celle-ci, relève du discours de l’Autre, soit de l’inconscient. Il s’agira d’abandonner les formules prêt-à-porter du discours courant comme « le lâcher-prise », pour une parole plus personnelle, plus inventive. Ce « petit coup de pouce à la langue [1] » aura des effets concrets dans la vie du sujet en permettant, par exemple, que se desserre la pression d’un idéal féroce.
Pour d’autres, le traitement au CPCT est l’occasion d’une traversée. Au sortir de turbulences que la rencontre d’un réel a produit, il s’agit parfois de renouer avec un mode de jouir qui a fait ses preuves. Pour celle que la relation amoureuse a dévastée, la livrant à la présence en excès de l’Autre, le traitement a permis qu’elle se rebranche sur sa bande d’amis. La pluralisation de son adresse a opéré une pacification de son monde.
En 2007 [2] , Jacques-Alain Miller donnait un nom à cette pratique : ni traitement, ni cure, mais pragmatique. Cette clinique s’intéresse au savoir-y-faire du sujet avec sa jouissance et par la nomination de celle-ci, l’accompagne dans la recherche de solutions qui soient plus vivables.
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 133.
[2] Miller J.-A., Vers PIPOL 4, http://ampblog2006.blogspot.com/2007/12/vers-pipol-4-par-jacques-alain-miller.html
[1] (titre) Lacan J., Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 97.