Par Omaïra Meseguer, Directrice du CPCT-Paris
Améliorer, quel signifiant choisi par Lacan dans son dixième séminaire ! Améliorer la position du sujet est, précise-t-il, notre justification et notre devoir[1], c’est une indication explicite et sans ambages. Faisons-en usage.
Ce qui pousse un sujet à faire une demande au CPCT est un besoin de manifester qu’il ne s’en sort pas tout seul, qu’il ne demande qu’à aller mieux. D’entrée, nous troquons le bien-être (chimère) pour le mieux-être (modestie). La fin du traitement conduit fréquemment à « une amélioration du sujet[2] » souvent suffisante pour qu’il se mette à circuler à nouveau d’une manière un peu plus allégée dans la vie ou pour éveiller un désir d’en savoir davantage.
Avançons en affirmant qu’améliorer la position du sujet concerne la possibilité d’introduire un léger décalage dans l’énonciation. Est-ce que le nouage effets thérapeutiques et effets analytiques peut se tricoter grâce à un minimal, mais tangible déplacement de l’énonciation ?
Au CPCT-Paris, une orientation par la réduction est la boussole. Il s’agit d’améliorer la position du sujet en passant par la précision d’une opération de réduction. La consultation, moment unique et isolé du traitement, est un moment d’extraction. Une première rencontre pour esquisser une lecture de la position du sujet. Attraper un à un les signifiants singuliers forge une écoute qui cherche à ne pas se laisser prendre dans les méandres de la parole avec laquelle les parlêtres recouvrent ce qu’ils disent. C’est un exercice rapide et précis pour ne pas se laisser s’embourber dans les eaux troubles du bla-bla. Une invitation décidée à mieux dire. Comment avez-vous dit précisément ? C’est donc à partir de ce moment-là ? Ah, elle a dit cela ! Tant de formules dont le consultant fait usage pour améliorer la manière de dire ce qui a achoppé.
Le pari de faire entrer dans le traitement court proposé par le CPCT se fait à partir de la possibilité d’un minimum d’énonciation singulière. Un petit bout de dire enfoui dans la parole souvent désordonnée et chaotique sert de point de départ.
Ensuite, chaque séance est lue comme une unité isolée. La brièveté du dispositif y oblige. Le praticien se soutient de plusieurs écritures du cas pour veiller à l’orientation analytique. Il intervient, lève la séance, souligne et, au fur et à mesure, affine son positionnement, une souplesse est de mise. Le praticien cherche, lui aussi, à s’améliorer en se faisant « humble instrument[3] » à la matière malléable de ce que le sujet dit.
Chaque séance est la recherche d’un ajustement de l’énonciation avec comme ligne de mire, ce que la rencontre avec un réel a frappé. Les bénéfices thérapeutiques se font entendre – un travail est retrouvé, les ruptures successives cessent, la douleur est moindre, l’angoisse trouve un autre statut.
Sans doute parce que l’énonciation s’améliore, la position du sujet se voit modifiée, ce qui entraine une certaine satisfaction. Le sujet peut dire autrement ce qu’il a rencontré. Une nouvelle lecture est possible, sa position sera inévitablement touchée. N’est-ce pas ce qu’on appelle un effet analytique ? L’expérience analytique nous enseigne que certains dires produisent de légers déplacements. Dans la clinique des CPCT, des mouvements infimes ont parfois des effets surprenants.
[1] Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2004, p. 70.
[2] Miller J.-A., « Effets thérapeutiques rapides en psychanalyse », Paris, Navarin, 2005, p. 34.
[3] Ibid., p. 70.