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Bienêtre // parlêtre

Geneviève Valentin, Directrice du CPCT-Lyon

Le marché du bien-être, au nom du bien, inonde notre monde contemporain de pratiques et d’outils qui reposent sur « ce que je suis supposé être ». Or l’être ne tient son être que de la parole – que son rapport soit fait de manque, d’instabilité ou qu’il porte atteinte au joint le plus intime du sentiment de la vie. Il arrive qu’au CPCT nous recevions des sujets qui n’arrivent pas à loger la particularité de leur être dans le monde et qui se présentent dans des moments d’errance et d’égarement de leur jouissance. Différentes contingences peuvent faire s’effondrer l’illusion ou la certitude d’être, laissant le sujet dans l’urgence, où se pose à lui la question de son existence.

Des slogans comme : « Réinventer sa vie », « s’épanouir », « être soi », prétendent donner réponse, font mirage de solution à ceux qui tentent en permanence de construire leur être. Développement personnel, déprogrammation des émotions, coaching, etc., sont autant d’autodisciplines et de plans d’actions pour une adaptation généralisée, ravalant le sujet à son corps et réduisant l’être à l’énoncé. L’être devient une intentionnalité vide, mirage laissant encore plus seuls ceux qui sont emportés dans le mouvement du mirage, menant à un jeu de miroirs sans fin.  La passion du bien-être se fond dans une quête tyrannique du bonheur avec ses effets d’angoisse, de culpabilité ou de honte renvoyant toujours au sentiment d’inexistence ou d’indignité de vivre.

Au CPCT nous nous faisons adresse pour l’être qui parle avec son corps, pour ce qui de l’existence relève d’une marque propre à chacun, non quantifiable, non assimilable et qu’aucune communauté ne peut traiter. C’est par la valeur accordée à ce qui vient se dire avec sa part d’impossible à dire, qu’il est fait réponse par un dire que « Oui » à l’existence. Pour avoir chance de pouvoir loger son être, il y faut le temps de défaire la façon dont nous pensons devoir nous conformer pour être. L’impossible à supporter touche au corps et nous n’avons que les mots pour approcher ce qui nous fixe et nous agite.

Faire avec la langue, chaque fois unique, de celui qui consent à s’expliquer, c’est parfois extraire un signifiant à partir duquel il est à nouveau possible de s’amarrer, ou desserrer ce qui fait trace de points de fixation et paralyse, ou encore jouer de l’homophonie qui ouvre à d’autres dits. Il s’agit d’une écoute orientée par le réel qui inclut ce qui ne peut se dire, ce qui trébuche, et qui redonne à celui qui parle des « bribes de soi » dans lesquelles il peut se reconnaître. Aucun dit ne pourra dire l’être car le sujet n’est que faille, béance, mais au bien-être, nous pouvons opposer le bien-dire pour approcher le plus intime d’une existence, seule condition pour améliorer la position du sujet.

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