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Saisir un réel

Par Isabelle Magne, CLAP-Paris

Au CLAP[1], la clinique est celle des symptômes de l’enfant et du réel de la jouissance familiale.

Comment faire pour que dans ce lieu, sur le fond du bavardage qui s’y dépose, émergent des paroles qui saisissent ce réel ?

Quand les familles poussent la porte du CLAP, le choix d’y venir est de leur côté. Si certaines savent pourquoi elles viennent, pour d’autres, la question émerge pendant l’accueil et cela constitue déjà un « changement de position [2]», « le sujet se trouvant dès lors branché sur le savoir supposé dont il ignorait être lui-même le siège [3]». Ainsi de cette mère qui, au moment de partir, se met à ranger la belle et grande tour qui vient d’être réalisée par son fils ; je l’arrête et lui dit devant l’enfant que c’est important de laisser cette construction ainsi. Surprise, elle en entend quelque chose et s’exclame alors après un silence, qu’elle comprend mieux pourquoi son enfant pique des colères parce qu’elle passe l’aspirateur et défait toutes ses constructions pendant qu’il est à l’école.

Dans ce lieu où les enfants circulent, jouent, c’est aussi dans des scènes que le réel surgit, comme pour cette autre mère qui vient parce que son enfant est très inhibée à l’école ; elle se met à pleurer à la vue de l’embarras de sa fille à qui un autre enfant a refusé un jouet. Reçue seule dans un espace où la porte se ferme, elle dépliera un point de son histoire à partir du signifiant « honte ».

Le CLAP n’est pas un lieu « d’écoute ». Dès les premiers accueils, les familles rencontrent, au un par un, un désir qui n’est pas anonyme, un Autre qui s’incarne et qui s’entend quand un père ou une mère nous dit « Je me rends compte quand je parle avec vous… ». Coupure, interprétation, temps logique… chaque intervenant s’oriente de son désir, de son transfert à la psychanalyse. La dimension de l’acte oriente la pratique et veille à ce que celle-ci ne soit pas rabattue sur l’institutionnel. Les différents séminaires[4] du CLAP sont des lieux d’élaboration – sourcilleux de l’identité psychanalytique de la pratique[5] – où chacun peut y vérifier son acte.


[1] CLAP (Consultation et Lieu d’Accueil Psychanalytique) Paris, Lieu d’accueil enfants-parents, dirigé par Angèle Terrier.

[2] Argument de la 4e Journée d’étude de la FIPA, « Comment améliorer la position du sujet ».

[3] Miller J.-A., « Vers PIPOL 4 », La lettre mensuelle, septembre-octobre 2007, p. 26.

[4] Séminaire clinique animé par Yasmine Grasser ; réunion de questions institutionnelles animée par Guy Trobas ; séminaire de clinique du tout-petit de la Section clinique Paris-Ile-de-France animé par Yasmine Grasser.

[5] Cf. Miller J.-A., « Psychanalyse pure, psychanalyse appliquée et psychothérapie », La Cause freudienne, n48, 2001, p. 8. Cité dans l’argument de la 4e Journée d’étude de la FIPA, « Comment améliorer la position du sujet ».

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